Colloque N°10 – 2 juin 2022 – Paris
Intervenants
Alice Debauche et Lucie Wicky, Anne-Claude Ambroise-Rendu, Hélène Romano, Michel Dorais, Isabelle Frechon, Pierre Lévy-Soussan.
Discutants
Marie Romero, Adeline Gouttenoire, Patrick Ayoun, Samuel Lemitre, Soraya De Moura Freire.
Programme
- La journée sera ponctuée de quatre séquences vidéo de témoignages de victimes
Les violences sexuelles vécues par les garçons dans l’enfance – Quels apports des enquêtes statistiques ?
- Intervenantes : Alice Debauche – Sociologue, maîtresse de conférence en sociologie à l’université de Strasbourg ; chercheuse associée à l’INED – et Lucie Wicky – Doctorante en sociologie à l’EHESS (CMH) et à l’INED
- Discutante : Marie Romero – Sociologue
L’histoire de la reconnaissance de l’inceste subi par les garçons
- Intervenante : Anne-Claude Ambroise-Rendu – Historienne, professeure d’histoire contemporaine à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
- Discutante : Adeline Gouttenoire – Professeure de droit à l’Université de Bordeaux
Les enjeux du silence des garçons victimes d’inceste
- Intervenante : Hélène Romano – Psychologue.
- Discutant : Patrick Ayoun – Pédopsychiatre.
Une prise en charge différenciée des victimes d’inceste masculines et féminines en protection de l’enfance
- Intervenante : Isabelle Frechon – Socio-démographe, chargée de recherche CNRS
- Discutante : Soraya de Moura Freire – Psychologue clinicienne
L’intervention psychosociale auprès des garçons victimes d’inceste
- Intervenant : Michel Dorais – Sociologue, professeur à l’Université de Laval (Québec)
- Discutant : Samuel Lemitre – Psychologue clinicien
Propos conclusifs
- Pierre Lévy-Soussan – Pédopsychiatre
Argumentaire
Aujourd’hui encore, l’inceste est un sujet tabou soumis à un mécanisme d’invisibilité souvent décrit par les anthropologues. Quelques écrits sont disponibles au sujet des jeunes filles mais qu’en est-il des garçons victimes d’inceste ?
Le colloque se donne pour objectif de mettre la lumière sur cette question : ampleur du phénomène, conséquences développementales, cycles de reproduction de l’agression, devenir au cours de la vie d’adulte, impact sur l’image de soi, la vie relationnelle et affective…
Partant de l’expertise de l’association Docteurs Bru sur l’inceste à l’égard des filles et de ses effets sur leur personnalité, sur leur identité, leur psychisme et leur devenir, partant également de l’expérience de la Maison d’accueil Jean-Bru sur leur prise en charge, que peut-on dire / penser et produire concernant l’inceste sur les garçons ?
Il existe peu de données épidémiologiques et cliniques. Selon l’enquête Virage (INED – 2015) : 0,83 % des hommes interrogés déclarent avoir été victimes d’agression sexuelle dans le cadre de leur famille ou de l’entourage proche. 100 % de ces hommes victimes déclarent aussi que les faits d’agression se sont déroulés alors qu’ils étaient mineurs. L’extrapolation de ces données à la population française indiquent donc qu’au moment de l’enquête environ 500 000 hommes pouvaient être considérés comme ayant été victimes d’abus sexuel intrafamilial entre 0 et 17 ans. Bien que non négligeables, nous savons en outre que ces statistiques basées sur des questionnaires déclaratifs sont largement sous estimées.
Ce colloque sera l’occasion d’examiner ce qu’interroge : Existe-t-il des différences de genre dans l’expression des troubles consécutifs à l’inceste commis sur les garçons ? Les rôles sociaux attribués aux hommes et aux femmes exercent-ils une influence sur les processus dynamiques en jeux ? Peut-on penser notamment que les garçons révèlent moins que les filles ? Sont-ils davantage contraints que les filles au silence ?
Que faire des hypothèses d’identification de la fille au rôle de victime et du devenir agresseur dévolu au garçon ? Réalités ou projections des adultes, parents, policiers, juges, éducateurs, thérapeutes, médias, réseaux sociaux ? La question reste ouverte…
Certes, depuis longtemps, ont été révélés les antécédents d’agression sexuelle subies enfant pour les hommes devenus agresseurs sexuels ultérieurement. Pour autant, avoir un tel antécédent ne conditionne pas le garçon à un destin obligatoire.
A partir de leur pratique, quels témoignages peuvent apporter les professionnels de la protection de l’enfance, les thérapeutes et les intervenants psychosociaux ? Accueillent-ils différemment les révélations d’un inceste lorsqu’il a été commis sur un petit garçon ? La même question pourrait être posée à tous les niveaux de la procédure judiciaire : policier, procureur, juge, brigade mineurs… L’accompagnement est-il le même ou existe-t-il des différences de pratique ?
L’ambition de ce colloque sera aussi de comprendre pourquoi il semble si difficile de penser l’inceste « dans sa différence de genre » ? Quand enfant, le garçon est victime d’inceste, son appartenance au soi-disant « sexe fort » serait-elle un frein à la reconnaissance comme victime, c’est-à-dire comme sujet ?
- Contact colloque : colloque[at]associationdocteursbru.fr
Ce colloque a fait l’objet d’un ouvrage à paraître le 8 septembre 2023
La Librairie Le Comptoir des mots a proposé une sélection d’ouvrages en lien avec les intervenants et la thématique du colloque. Cette sélection est toujours consultable sur le site de Librest.